Morbihan : il veut récupérer de l'urine pour en faire de l'électricité

18 avril 2024 à 13h31 par Marie Piriou

Il s’appelle Louison Jannée, il est Morbihannais et il a le projet de récupérer des urines pour les valoriser et en faire de l’électricité. Ce jeune étudiant a été sacré lors des Oscars du Morbihan.

L'idée de Louison Jannée est née lors du festival du Pont du Rock à Malestroit.
L'idée de Louison Jannée est née lors du festival du Pont du Rock à Malestroit.
Crédit : Louison Jannée DR

Transformer des urines en électricité, c’est le projet un peu fou et ambitieux d’un jeune Morbihannais. Louison Jannée, 21 ans, est étudiant ingénieur à l’Université de Lorient. L’idée lui est venue lors de la mise en place d’urinoirs pour les femmes au festival du Pont du Rock à Malestroit. Entretien.

 

En parallèle de vos études, vous avez créé votre entreprise avec l’objectif de récupérer les urines pour en faire de l'électricité. Pouvez-vous nous expliquer comment est née cette idée ?

Je suis responsable développement durable au festival Au Pont du Rock, à Malestroit (56). Ma problématique était la suivante : "Comment gérer le flux, notamment chez les femmes, au niveau des toilettes ?" Donc j’ai opté pour les urinoirs féminins. Suite à ça, une deuxième problématique est née : "Comment valoriser, et gérer ces urines ?".

 

L'idée n'est pas nouvelle mais, vous voulez la développer de manière plus ambitieuse ?

Les urinoirs féminins existent mais, moi, je voulais voir le côté un peu plus ambitieux. Par exemple, WC Loc, tout le monde connaît pour les chantiers ou même les toilettes publiques, mais ils ne proposent pas ensuite une valorisation de l’urine. Pour ma part, l’innovation, c’est justement le côté collecte et valorisation d’urines.

 

Pour concrétiser ce projet vous devez lever des fonds pour fabriquer une pile à combustible microbienne. Quel est le principe de cette pile à combustible ?

Dans l’urine, il y a une grande quantité d’urées que l’on peut mettre dans la pile à combustible. Grâce à une transformation chimique, l’urée va se transformer en électrons. La pile va en fait se nourrir de bactéries pour ensuite en donner des électrons. Donc produire de l’électricité. Il s'agit de la première partie. On peut aussi transformer l’urine en hydrogène. Mais il faut choisir : c’est soit électricité, soit l’hydrogène, on ne peut pas faire les deux.

 

Ce procédé a-t-il déjà fait ses preuves ?

Oui, c’est un chercheur anglais qui est à la base de cette innovation. Il l’a testée, mais lui recycle aussi les excréments dans ses cabines. Son système a été testé dans un festival et cela a permis d’éclairer et de recharger des téléphones portables par exemple. Mais cette pile n’est pas encore optimisée à 100%, ce qui est mon objectif

 

Justement, à quoi pourrait servir cette électricité concrètement ?

Actuellement dans les festivals, on fait appel à des prestataires pour des bornes de recharge des téléphones portables. Mais les batteries externes sont un peu néfastes pour l’environnement, elles sont à base de Lithium-ion. La pile à combustible serait une bonne alternative. Demain, on peut aussi imaginer, en accumulant ces piles, alimenter une scène par exemple, qui est plus énergivore.

 

Un représentant d'ENGIE, présent la semaine dernière lors de la remise des prix de l'Agitateur dont vous venez d'être lauréat, semblait très intéressé par votre projet. C'est plutôt un bon début ?

C’est l’un des acteurs. Des chefs d’entreprises sont intéressés par mon projet. Dernièrement, il y a même des acteurs publics et politiques qui se sont manifestés. C’est prometteur mais reste à voir comment ils peuvent m’aider désormais.

 

En imaginant que vous obteniez les fonds nécessaires, quels seraient vos projets à terme ?

L’objectif final est de créer la cabine d’urinoir féminin avec le système de pile derrière. De cette façon, mon client peut l’utiliser et utiliser en direct l’électricité qu’il a produit. La première étape, ce serait donc la commercialisation des cabines. La deuxième étape serait la valorisation de l’urine, comme c’est le cas dans l’agriculture notamment avec, par exemple, Toopi Organics (qui recycle, transforme et valorise l'urine humaine en produits pour l'agriculture). C’est grâce à ces deux étapes-là que je vais avoir des fonds propres.

 

Louison Jannée a décroché la semaine dernière le prix de l’étudiant entrepreneur pour son système de valorisation d’urine en électricité lors des Oscars du Morbihan.

 

Entetien retranscrit par Mikaël Le Gac